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L’AUBERGE ROUGE

Publié le par les élus

Vendredi soir Thierry  BOUDIGNON est venu nous parler de l’auberge rouge au château de Castrevielle et c’est devant une quarantaine de personnes qu’il a expliqué…

L’affaire de l’auberge  de Peyrebeille, dite « Auberge rouge », a non seulement défrayé la chronique en son temps, mais  a aussi passionné l’opinion publique pendant plusieurs siècles, mobilisant les historiens, inspirant les romanciers et les cinéastes.

Thierry  BOUDIGNON vient de publier, au éditions du C N R S , un livre dont le sous titre est : « le dossier »En effet, si le dossier d’instruction de l’affaire n’a jamais été retrouvé, il existe, aux Archives départementales de l’Ardèche et du Gard, des documents inédits qui jettent un nouvel éclairage sur le procès.

Rappelons brièvement les faits : les aubergistes Pierre et Marie Martin, et leur domestique Jean Rochette, furent guillotinés le 2 octobre 1833, dans la cour même de l’auberge où avaient eu lieu les crimes qui leur étaient reprochés. De quoi avaient ils été jugés coupables ?

En fait le verdict de la cour d’assises ne leur imputa qu’ ‘un seul meurtre, celui d’Antoine Enjolras, un paysan aisé disparu après une visite à la foire de st Cirgues et dont on avait retrouvé le corps, après une quinzaine de jours, sur les bords de l’Allier. André Martin, neveu des accusés, d’abord inculpé, fut innocenté, et Marie Breysse, épouse de Martin reconnue coupable seulement de complicité, fut condamné à  la même peine que son époux. Or la rumeur populaire leur attribuera, dés l’époque du procès, des meurtres innombrables ; le nom de certaines personnes disparues ressurgit brusquement, ainsi qu’un mythique «  riche marchand juif » resté mystérieusement introuvable une vingtaine d’années auparavant.

Quels est le contexte social et politique de ces événements ? La révolution de 1830 avait laissé des traces. Dans les montagnes, le droit d’usage dont bénéficiaient les habitants pour ramasser du bois dans les forêts fut  remis en question par de nouveaux propriétaires de bois et de scieries. Des scieries furent incendiées en novembre et décembre 1831, puis en janvier 1832.

A Lyon , à partir du 21 novembre, éclata la révolte des canuts, ouvriers de la soie, qui voulaient faire respecter les tarif signés entre patrons et ouvriers. Dans ce contexte troublé, le maintien de l’ordre était évidemment une priorité des autorités. Le sous préfet de Largentière écrivait alors : il serait à souhaiter qu’on pût faire un exemple parmi ces sauvages Sylvain. »

Thierry BOUDIGNON, après avoir rappelé la situation politique et sociale évoque ensuite les difficultés rencontrées par la justice vers 1830, sur les hauts plateaux Ardéchois. Le premier obstacle rencontré est celui de la langue ; les paysans ne parlant bien sur que l’occitan, le greffier est chargé à la fois de traduire et de transcrire les dépositions, et bien souvent il ajoute des notes explicatives de son propre chef. Autre obstacle, les conditions de déplacement, singulièrement dans un pays de montagne : les avocats sont à Privas, l’instruction se déroule à Largentière, ils ne se rendront ni à Nîmes devant la chambre d’accusation, ni à Paris pour le pourvoi en cassation devant le roi.

Thierry BOUDIGNON, qui travaille aux Archives Nationales, éclaire toutes ces contradictions grâce à des documents inédits. Son ouvrage, illustré de spectaculaires gravures du xxi e siècle est construit

en petits chapitres, dont chacun fait progresser l’action à la manière d’un roman policier. C’est une réflexion sur le crime et la justice qui se lit comme un thriller historique.

Cette soirée c’est terminé autour d’un verre où tous on pu discuter avec l’auteur dans la plus grande simplicité.


 

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