Un triste Mardi : le 5 novembre 1963
C'était il y a près de 45 ans, un avion de l'armée anglaise partie d'Orange pour rallier Londres s'écrasait sur Jaujac .
C'était un mardi, un de ces jours maussades d'automne où le ciel est bas. A 11h40 exactement, les enfants ne vont pas tarder à rentrer de l'école, les ménagères s'affairent en cuisine, on va
bientôt se mettre à table. Les rares personnes qui sont à l'extérieur voient l'avion qui passe au-dessus de leur tête.
L'avion frôle le clocher et pique vers l'école des soeurs sans la toucher, puis se rapproche inexorablement des toits suivants. Il va percuter le sommet des maisons qui bordent la place du Champ
de Mars, les décapitant les unes après les autres. Il finira par exploser un peu plus loin, dispersant dans un rayon de 150 mètres les débris de sa carcasse. Les maisons les plus touchées vont
s'effondrer en partie. Une d'entre elle va s'embraser, le kérosène alimentant les flammes qui dévorent rapidement charpente, plancher et autres combustibles.
Quatre personnes furent tuées dans cet accident d'avion. Sur le plan matériel, plusieurs immeubles présentant un gros danger d'effondrement et des chutes de pierres étaient à craindre. Un cordon
de sécurité fut installé, bouclant le secteur qui restait sous surveillance. Dès le 8 novembre, un détachement de l'armée fut envoyé sur place pour aider la population dans les travaux
d'évacuation et de mise en sécurité des lieux sinistrés. Les travaux allaient durer plus de trois semaines.
L' avion à l'origine de la catastrophe était un bi-moteur anglais, un "javelin" de la Royal Air Force. Après avoir décollé de la base d'Orange une panne de réacteur rendit l'appareil
incontrôlable. Le pilote et son navigateur déclenchèrent le système d'éjection automatique, abandonnant l'avion, sans savoir qu'il allait s'écraser sur un village. Les 2 pilotes furent retrouvés
sains et saufs à quelques kilomètres du centre du village, un accroché à un châtaignier au hameau des Roudils et l'autre près de La Souche.
Le 12 novembre, une réunion importante se tenait en mairie pour l'avenir du village. Le Maire en fonction, M. Delenne plaidait la cause du village et obtenait la prise en charge par les
autorités britanniques des travaux de démolition et de reconstruction de 12 maisons sinistrées. Il négociait aussi diverses indemnisations.
Ce crash a laissé des traces indélébiles visibles encore aujourd’hui : création de la rue de la Poste et reconstruction de certaines maisons avec des matériaux modernes très symboliques de
l’urbanisme de l’époque : béton, toits plats, volumes cubiques.
Sources et références :
- Dossier réalisé par Françoise RIGAL, est paru dans le Dauphiné Libéré le mardi 4 novembre 2003.
- Photographies : collection personnelle de M. Guy MULOT.